BRUXELLES, "POUR CEUX QUI RESTENT" DI PASCAL ELBÉ FINO AL 15 MARZO AL Théâtre Royal des Galeries. INTERVISTA A MARTINE WILLEQUET

Fattitaliani

« Pour ceux qui restent » est une comédie qui parle d’amitié et de la difficulté d’entretenir ce lien. Elle met en scène 5 personnages qui, tous, avancent avec frilosité et ont besoin d’être rassurés : Gégé qui se plaint constamment, Nicole qui veut s’émanciper, Simon qui recule pour ne pas sauter, Dominique qui s’est brûlé les ailes et Matthieu qui les confronte à leurs difficultés d’être.

INTERVISTA ALLA REGISTA MARTINE WILLEQUET
Qu’est-ce qui vous plait exactement dans ce répertoire, et dans cette pièce en particulier ?
Je trouve que le texte est très bien écrit: il y a des formules vraiment drôles, des répliques très efficaces mais, en-dessous, il y a cinq personnes qui ont chacune une psychologie, des frustrations, des jalousies, des envies, on n’est pas au pays des schtroumpfs… Ce n’est pas une comédie légère. C’est drôle mais en même temps c'est une pièce qui amène une réflexion, les personnages ne sont pas lisses… Tous cachent quelque chose: un mal-être ou quelque chose d’irrésolu, une rancœur, une aigreur éventuellement. C’est une très bonne pièce !

Le thème n’est pas banal, et il y a des rebondissements inattendus qui suscitent et accrochent notre intérêt, en plus le rythme est très bien soutenu. Puis elle est riche en émotions, riche dans son analyse de l’humanité des personnages. On s’attache à eux car on décèle leurs failles, leurs sous-couches…
Pensez-vous que cette pièce soit un reflet de la réalité d’aujourd’hui ?
Oui, tout à fait. C’est une pièce qui touche aux rapports humains et qui illustre des personnages qui ne sont pas du tout extraordinaires. Ils sont comme tout le monde: ce ne sont pas des héros, ce sont des personnages avec leurs failles, leurs défauts, leurs côtés moins brillants mais voilà… Ce sont des gens vrais comme on en rencontre et dont on fait partie d’ailleurs.

Comment pensez-vous traiter le réalisme que suggère cette pièce ?
Dans le plus grand respect de la pièce et de l’auteur. Mon objectif c’est que les personnages soient justes, que les rapports entre eux le soient aussi. Je mets un point d’honneur à faire éclore chaque acteur, qu’ils soient justes, je me fiche des choses périphériques. Le texte se suffit à lui-même et je n’ai pas du tout l’intention de faire des choses bizarres ou esthétiques, je veux raconter l’histoire que Pascal Elbé nous a écrite.

Aussi, son réalisme induit un aspect psychologique dans lequel je n’ai pas peur de tomber. Souvent on emploie ce mot de manière péjorative mais dans les rapports humains, il y a de la psychologie, sans pour autant commencer à relire Freud et Jung de la première à la dernière lettre. C’est important, ce sont les relations humaines qui nourrissent les gens, la société. Je veux que ce soient des personnages auxquels on peut s’identifier.
Si vous deviez définir chaque personnage, qu’en diriez-vous?
Ils sont tous riches et chacun est chargé en positif et en négatif…
Simon n’est pas très courageux, il recule devant l’obstacle. C’est quelqu’un qui n’ose pas prendre ses responsabilités, qui est obligé de prendre, de temps en temps, une décision mais ça lui demande beaucoup d’efforts… Il est fuyant, c’est un type un peu faible pour moi. Nicole, elle, est une femme équilibrée, bien dans sa peau, et qui ne demande pas la lune ! Elle aime son Simon et voudrait juste qu’il l’épouse comme il l’a promis. C’est une femme simple dans le sens non péjoratif du terme, elle est simplement vraie, présente, efficace. C’est une femme exquise qui n’a pas de gros défaut. Puis, on a son amie Dominique, une femme volontaire qui sait ce qu’elle veut, qui appelle un chat, un chat. Elle est très directe et, de temps en temps, elle laisse parler ses émotions sinon elle est assez maitrisée. Elle peut avoir un côté un peu cynique aussi mais c’est de la défense.

Il y a aussi Gégé, une espèce de dépressif-loseur qui se complait dans les problèmes qui lui arrivent. Il est assez égocentrique, il parle volontiers de lui, de ses problèmes, de sa femme, il s’aime bien et se sent incompris.
Et enfin, on a Mathieu… Ce n’est pas un homme brillant ou intelligent, c’est quelqu’un de simple qui a un réel bon sens et qui a en lui de la bonté. Il profite bien sûr de la situation dans laquelle il est, il est ravi, il joue le jeu, mais je crois que c’est un type qui n’est pas du tout snob, pas du tout fabriqué, il est lui-même. C’est aussi celui qui est au plus près de la réalité, c’est un pilier autour duquel les autres s’expriment, se dévoilent. Il leur renvoie leur image, c’est un révélateur, il est suffisamment malin pour capter ce qui se passe et comprendre la situation dans laquelle il est tombé malgré lui. Pour moi c’est le personnage central, il va réussir à faire parler l’un et l’autre par son côté très à l’écoute mais finalement on ne sait pas grand-chose de lui, on ne sait rien de sa vie privée, de son intimité.
Comment et pourquoi avez-vous choisi cette distribution ?
Comme chaque fois. Je lis la pièce et je vois très vite qui pourrait jouer quoi, donc je fais une proposition à David Michels et on en discute… Comme on se connait bien, on est souvent d’accord. Il a la gentillesse de me laisser fréquemment carte blanche, il me fait confiance et ne m’a jamais imposé qui que ce soit. Il me propose parfois des choses mais il me laisse prendre la décision finale et ça c’est formidable, c’est un grand confort pour moi.
Sinon, je trouve très important qu’on forme une équipe, qu’il y ait une osmose entre les acteurs, le metteur en scène et l’équipe technique. C’est essentiel pour moi qu’il y ait vraiment une aventure qui soit partagée entre différentes personnes; il n’y a pas de star, ni personne qui fait bande à part, tout le monde est dans le même bain et a le même objectif. On travaille dans le plaisir. Je sais ce que je veux comme résultat final mais j’ai choisi les comédiens en fonction de ce qu’ils peuvent proposer, car ils ont un univers, de l’imagination, de la fantaisie… Ce sont des comédiens de talent !
Après toute l’expérience que vous avez acquise, qu’est-ce que cette mise en scène au Théâtre des Galeries peut vous apporter de nouveau ?
Ce que ça va m’apporter ? Du bonheur, ça j’en suis certaine, et le plaisir de travailler avec ces acteurs-là. C’est une pièce qui n’est pas franchement drôle tout le temps, et je sais qu’on m’a un peu collé une étiquette « Martine Willequet, pièces comiques ».
Il y a des répliques qui font mouche, la situation est inattendue, il y a du comique dans chaque personnage mais la base de la pièce c’est quand même la mort d’un être cher, des règlements de compte… J’ai une idée bien précise de ce que je veux mais il y a toujours l’impondérable qui est la personnalité des acteurs, et ça c’est gai, c’est une aventure, c’est passionnant.

Et c’est toujours un plaisir de monter un projet aux Galeries. Ca fait déjà plusieurs années que j’ai la chance d’avoir une mise en scène chaque saison et il y a une ambiance merveilleuse dans ce théâtre. C’était plus rigide à l’époque de Jean-Pierre Rey mais ici David est très amical avec nous, on a un respect total pour lui et lui a confiance en nous, c’est important. C’est vraiment une famille, les gens s’y sentent bien et l’ambiance de travail y est excellente.

PASCAL ELBÉ

A 47 ans, Pascal Elbé est un artiste complet qui jongle avec les casquettes d’auteur de théâtre, de comédien, de réalisateur, d’acteur et de scénariste au sein de registres divers, allant de la comédie au drame en passant par le policier.
Originaire d’Algérie, Pascal Elbé nait le 13 mars 1967 à Colmar, en France. Il passe son enfance à Strasbourg avant d’approcher la scène en tant que comédien. Il écrit deux pièces comiques avec ses compagnons de théâtre : « Charité bien ordonnée » en 1992 et « Tout baigne » en 1995.
Cette même année, il co-signe le scénario du film « Babel » avec Gérard Pullicino.
En 2004, il accède à une certaine notoriété lorsqu’il est nominé pour le César du meilleur espoir masculin à la suite du tournage du film « Père et Fils » de Michel Boujenah dont il est aussi co-scénariste.
C’est en 2005 qu’il écrit « Pour ceux qui restent » et interprète le rôle de Simon dans une mise en scène de Charles Berling. Il s’illustrera également en tant que réalisateur avec son film « Tête de Turc » pour lequel il sera élu meilleur réalisateur au Festival du Film du monde de Montréal en 2010. Ce film lui vaudra aussi une nomination pour le César du meilleur premier film en 2011.
Depuis mai 2014, il présente chaque dimanche le documentaire "Israël à la croisée des mondes" sur D8, un programme qui montre un "nouveau visage" d’Israël.

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